La Galerie Max Hetzler est très heureuse d’annoncer la première exposition personnelle à Paris de l’artiste néerlandais d’origine iranienne Navid Nuur.
Navid Nuur travaille à la fois sur l’image, le texte, le matériau, le concept et la perception dans ce qu’il appelle ses ##interimodules##, néologisme né de l’apposition des termes 'interim' pour leur aspect contingent et temporaire, et 'modules' ou parties d’un ensemble vivant. Chaque exposition est conçue comme un tout dont le principe essentiel se trouve dans les échanges entre les œuvres (les intérimodules) et avec le spectateur.
Expérimentateur insatiable, Navid Nuur met en œuvre une diversité de matériaux a priori non-artistiques dans des formes inattendues à la simplicité souvent frappante. Pour cette exposition, il invite le spectateur à se plonger au cœur du dispositif créatif, en se posant la question: comment une idée devient-elle une forme? Matérialiser un concept de la manière la plus pure et directe qui soit, sans que cette idée ne soit 'contaminée' et filtrée par nos connaissances et nos capacités techniques, voici l’horizon commun de bien des artistes. Poursuivant une réflexion qui lui est chère sur sa propre pratique, Navid Nuur propose une série d’expériences visuelles, sensorielles, textuelles et conceptuelles: où, quand et comment est-ce que l’idée ou une partie de celle-ci se fige, se dilue ou se concentre?
Emblème de cette réflexion, une imposante tour de plus de 4 mètres de haut est érigée dans la galerie, accompagnée de 85 dessins. Recaptured from the Collective peut être perçu comme un monument célébrant une idée, ou plus précisément célébrant l’instant précis de l’inspiration. L’artiste décrit son processus:
##Quand on a une idée et qu’on veut l’exprimer sur feuille de papier, une grande partie de celle-ci se perd en chemin car on a besoin de savoir dessiner, de savoir comment utiliser son corps pour atteindre cet objectif. Une idée, un concept que l’on a à l’esprit s’érode énormément lorsqu’il quitte le corps. Donc ce que je fais, c’est tenir un marqueur à encre noire au dessus d’une pile de feuilles de papier tandis que je me concentre mentalement sur cette idée particulière que je veux visualiser – je ne dessine pas, je laisse tout simplement l’idée se former dans mon esprit, et l’encre va s’écouler à travers la pile de feuilles. Au bout d’un certain temps, l’encre durcit, et je ne peux plus laisser l’idée m’envahir, je suis fatigué de cette concentration. (...) Après cela, j’utilise un matériau de construction que je découpe suivant le contour de chaque tâche d’encre laissée sur les feuilles (...) Une fois les niveaux empilés, on découvre une forme tridimensionnelle qui a une existence propre, une certaine énergie intérieure, un concept que l’on peut quasiment toucher, pur, tandis que son contenu et sa signification restent mystérieux.##
Manifestant cette transformation de la pensée en une production sensible et tangible qui passe par des 'inventions' mais aussi par des erreurs, des approximations, des accidents ou des découvertes fortuites, les œuvres de l’exposition exigent une participation active du spectateur pour retrouver ce cheminement. Ici de l’eau qui s’évapore mais des glaçons qui ne fondent pas, là une double ampoule au gaz argon, ici une clé qui lévite, là une image qui n’apparaît que si l’on réalise une photo au flash, une sérigraphie au dentifrice, un collier au cou de la personne à l’entrée de l’exposition... Autant de traces, d’énigmes, de surprises, d’interrogations ou de démonstrations oscillant paradoxalement entre une matérialité brute et un fort potentiel onirique. Comme il l’annonçait dans le titre de l’un de ses derniers ouvrages, When text becomes my ex: pour Navid Nuur l’art est un langage dont les signes, les moyens, les mots ou les matériaux n’appartiennent que temporairement à l’artiste, intermédiaire de leur mise en circulation.
C’est la première exposition de Navid Nuur à la Galerie Max Hetzler. Son travail a été présenté en 2012 au Centre Pompidou, où il était co-commissaire de l’exposition «l’image dans la sculpture» et artiste invité pour la galerie des enfants. Né en 1976 à Téhéran, Navid Nuur vit et travaille à La Haye, aux Pays-Bas. Issu de l’univers du graphisme et du skateboard, il commence à se faire remarquer à partir du milieu des années 2000 et remporte notamment le Prix Royal de Peinture en Hollande en 2011. Des expositions personnelles lui ont été consacrées à Parasol Unit à Londres, au Bonnefanten Museum de Maastricht ou encore au Dundee Contemporary Arts en Écosse. Son travail a également été présenté dans de nombreuses expositions collectives dont la Biennale de Venise en 2011. Plusieurs ouvrages et livres d’artistes ont été publiés à ce jour.